La Thaïlande annonce qu'elle interdira l'importation de déchets plastiques d'ici 2025

Bien que l'industrie du plastique soutienne que le recyclage est la réponse à la réduction des déchets, en Thaïlande, où la majorité des déchets de la planète sont envoyés, cela a engendré une nouvelle série de problèmes.

Balle PET

Le plastique est fabriqué à partir de pétrole ou de gaz naturel, et sa production ou sa combustion peut libérer des produits chimiques dangereux pour la santé, tels que des hydrocarbures. Les emballages modernes contiennent également de nombreux additifs, qui peuvent créer des substances toxiques lorsqu'ils sont traités, notamment dans les installations de recyclage. Ces usines de recyclage se trouvent principalement dans les pays en développement, en particulier en Asie du Sud-Est, où les normes environnementales sont peu élevées et la main-d'œuvre bon marché. Les pays riches envoient souvent leur plastique usagé dans ces pays pour y être traité. Cependant, seule une petite partie du plastique peut être recyclée de manière rentable, ce qui signifie que le reste est souvent incinéré, mis en décharge ou brûlé à l'air libre, ce qui a un impact négatif sur l'environnement. Les gouvernements d'Asie du Sud-Est ont commencé à restreindre l'importation de plastique usagé, mais ces mesures sont difficiles à appliquer et peuvent être contournées par la corruption. La Thaïlande a interdit l'importation de déchets ménagers en 2019 et envisage d'interdire les importations de plastique plus propre à partir du milieu de la décennie.

Le boom des importations de plastique en Asie du Sud-Est est en partie causé par les politiques de Pékin. Auparavant, la Chine était la principale destination pour les exportations de déchets plastiques, absorbant plus de la moitié des envois mondiaux provenant des États-Unis, du Japon et de nombreux pays européens. En 2017, la Chine a mis en place la politique "National Sword" qui a interdit l'importation de tous les plastiques, sauf les plus propres. Cette politique a été appliquée de manière agressive et les importations de plastique vers la Chine ont chuté de 99 % en un an. Cette perte d'accès au marché chinois a provoqué une crise de collecte des déchets dans les pays développés. Pourtant, les courtiers en déchets et les entreprises de recyclage ont rapidement trouvé une solution en acheminant les déchets plastiques vers des pays comme la Malaisie, la Thaïlande et l'Indonésie. Cela a entraîné une augmentation massive des importations de déchets plastiques dans ces pays, souvent dans des usines de recyclage illégales, ce qui a provoqué une pollution considérable de l'air, de l'eau et du sol ainsi que des problèmes de santé pour les populations locales.

En Thaïlande, contrairement à la plupart des pays, le commerce du plastique est un enjeu important qui préoccupe de nombreuses personnes. Depuis plusieurs décennies, les "salengs", des collecteurs informels qui parcourent les rues à la recherche de matériaux recyclables dans les poubelles des ménages et les décharges, sont présents dans chaque quartier urbain de Bangkok et d'autres villes thaïlandaises. Selon l'Association des Salengs et des Négociants en Recyclage, qui représente le secteur, il y aurait plus de 20 000 salengs dans la seule capitale, et leur travail est crucial pour la gestion des déchets, car les programmes de recyclage municipaux sont insuffisants. Bien que les salengs gagnent leur vie en vendant des déchets plastiques, l'importation massive de ces matériaux provenant de l'étranger représente une menace pour leurs moyens de subsistance.

Depuis l'interdiction de la Chine d'importer des déchets de plastique en 2018, les effets se sont fait sentir à l'échelle mondiale. Les coûts de gestion des déchets ont augmenté, la quantité de déchets de plastique recyclés a diminué, et les flux commerciaux de déchets ont changé. Cette interdiction a également mis en évidence la nécessité d'une meilleure gestion des déchets de plastique à l'échelle mondiale. Elle a également contribué à réduire la quantité de déchets de plastique qui finissent dans les océans et a aidé à sensibiliser l'opinion publique à la pollution plastique. Cette interdiction a été un appel à l'action pour de nombreux pays, qui ont commencé à développer des solutions nationales pour la gestion des déchets de plastique.

Tout comme pour la Chine, les experts craignent que l'interdiction des importations de déchets plastiques en Thaïlande n'ait des répercussions graves partout ailleurs. Cependant, il est également vrai que la Chine, leader mondial de la production de plastique et l'un des pays les plus polluants au monde, a dû agir et que d'autres pays devraient en faire autant. Les déchets constituent le quatrième secteur d'émissions et le plastique seul devrait générer plus d'émissions de carbone que le charbon d'ici 2030, faisant de la pollution plastique l'un des plus grands problèmes environnementaux de notre vie. Bien que les répercussions immédiates des politiques de la Thaïlande représentent un problème pour les nations du monde entier, l'interdiction les forcera également à trouver de nouvelles façons de traiter leurs propres déchets et à mettre en place de nouvelles politiques visant à réduire la circulation globale de plastique.

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